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« On est là pour être à votre service, on n‘est pas juste un service » – Carole Cau

L’accompagnement social des marins : un travail de proximité et de confiance

Carole, assistante sociale au Service Social Maritime (SSM) à Marseille, nous livre un aperçu de son quotidien et de son travail auprès des marins, des armateurs et des pensionnés, un rôle clé parfois essentiel pour le bien-être des travailleurs du secteur maritime.

Des publics diversifiés et un accompagnement personnalisé

Depuis trois ans, Carole intervient auprès des marins et des sédentaires des compagnies maritimes de la région, notamment Boluda, Transrades, la Méridionale et Bourbon Offshore.

Son rôle ? Assurer un soutien social tout au long de la vie professionnelle des marins, mais aussi accompagner les retraités dans leur quotidien.

« Je travaille avec différents profils de marins : ceux qui effectuent des navettes vers les îles ou des transports en offshore, mais aussi les marins à la retraite, principalement des anciens pêcheurs ou marins. Chaque situation est unique, et mon rôle est de m’adapter à chaque besoin. »

Mais son rôle ne se limite pas seulement à l’accompagnement des marins en activité. Carole assure également un suivi des pensionnés, notamment ceux vivant à l’Est de Marseille. Ces anciens travailleurs maritimes bénéficient de son aide pour les démarches administratives, les demandes de pension de réversion en cas de veuvage, ou encore pour lutter contre l’isolement social, un problème souvent associé à la vieillesse.

Un travail de proximité pour « aller vers »

L’un des grands défis de Carole est de rejoindre ceux qui, par habitude ou par manque de confiance, n’osent pas solliciter l’aide d’un travailleur social.

« Il faut aller vers eux ! »

« Beaucoup de marins ne savent même pas qu’ils peuvent bénéficier de notre aide, alors il est important de leur rappeler qu’on est là, qu’on est une ressource pour eux, qu’ils ne sont pas seuls. »

Les permanences sont donc organisées, tant à terre pour les sédentaires que sur les navires pour les marins.

« Parfois, on se rend sur les bateaux, au ‘cul du bateau’, pour rencontrer les marins là où ils sont. »

Cette approche permet de créer des liens de confiance, essentiels dans un milieu où les marins sont souvent éloignés de leur famille et peuvent faire face à des situations de vie difficiles, notamment liées aux addictions, aux violences ou à la santé mentale.

La gestion des problèmes complexes

Au-delà des conseils administratifs, Carole intervient aussi dans des situations beaucoup plus complexes. Un exemple marquant dans son parcours reste sa rencontre avec la maladie de Diogène, un trouble psychiatrique qui pousse les personnes à accumuler des objets de manière excessive. Elle se souvient d’une situation où un marin l’a sollicitée pour une visite à domicile pour un ami. Ce qu’elle a découvert a été une véritable surprise : l’appartement était complètement envahi, avec une accumulation de choses rendant toute aide impossible.

« Quand j’ai découvert l’appartement, c’était assez impressionnant. La personne n’était pas consciente du problème, et même s’il y avait de la bienveillance, c’était un signe de perte d’autonomie. »

En partenariat avec le CCAS et les services de santé, elle a pu orienter la personne vers un dispositif spécialisé, afin de lui apporter l’aide nécessaire.

Un travail en réseau et une confiance mutuelle

L’un des aspects essentiels de son travail est le partenariat avec les différents acteurs du secteur. Les relations avec les entreprises maritimes, mais aussi avec les services sociaux, de santé et les collectivités locales, permettent d’assurer un accompagnement complet et efficace.

« C’est un réseau de solidarité qui se crée, non seulement entre nous et les marins, mais aussi avec toutes les structures qui peuvent intervenir. »

Cela passe par la création de liens de confiance avec les armateurs, les équipes RH et les autres institutions locales.

Cette collaboration est d’autant plus nécessaire dans un environnement aussi fluctuant que celui des marins, où les changements de compagnies sont fréquents et où la confiance joue un rôle fondamental. Carole souligne que chaque fois qu’un marin change de compagnie, il faut recommencer le travail de sensibilisation pour faire connaître l’assistance sociale maritime.

L’écoute, la clé du diagnostic

Que ce soit pour un marin en activité ou un pensionné, Carole insiste sur l’importance de l’écoute.

« Écouter, c’est déjà beaucoup. Cela permet de comprendre les besoins et les émotions sous-jacentes. »

L’accompagnement est souvent centré sur l’écoute des histoires de vie des marins et des pensionnés. Ces récits sont essentiels pour comprendre les difficultés auxquelles ils font face, qu’il s’agisse de problèmes de santé, d’isolement ou de situations conflictuelles.

« Faire parler les gens, c’est toujours révélateur. »

Que ce soit pour détecter des problèmes financiers, des addictions, ou d’autres difficultés, l’écoute permet de poser un diagnostic et de trouver des solutions adaptées. En instaurant une relation de confiance, Carole peut ainsi orienter chaque personne vers les services dont elle a besoin.

Un rôle humain et essentiel

Le rôle de travailleur social au sein du Service Social Maritime n’est pas toujours facile, mais il est crucial. Carole nous rappelle que ce métier demande avant tout du temps, de l’empathie et une capacité d’adaptation.

« On n’est pas là pour juger, mais pour accompagner. »

Son travail, bien plus qu’une simple assistance administrative, est un véritable accompagnement humain, qui permet à chaque marin et pensionné de se sentir soutenu dans les moments difficiles. Que ce soit en participant à la gestion des crises ou en apportant un soutien moral, l’assistance sociale maritime est un maillon indispensable dans la vie des marins, parfois confrontés à des situations de vulnérabilité.